Présentation
On estime que des dizaines à centaines de milliers d’espèces de microalgues constituent le premier maillon des chaînes trophiques du milieu marin et côtier et fournissent la moitié de l’oxygène sur terre. Parmi elles, seulement 175 espèces sont toxiques ou nuisibles et produisent des substances affectant l’homme par voie directe ou via la consommation de fruits de mer ou poissons contaminés avec ces substances toxiques (ex. les genres Alexandrium, Dinophysis, Pseudo-nitzschia, Gambierdiscus), et/ou affectant les animaux marins (ex. les genres Karenia, Karlodinium, Prymnesium). Certaines microalgues peuvent également nuire à l’utilisation de la zone côtière par gêne physique, tel que les mousses de Phaeocystis sur les plages. La prolifération de ces microalgues est appelée efflorescence de microalgues. Ces phénomènes constituent des problèmes majeurs de santé publique qui affectent les secteurs conchylicoles et halieutiques de manière indirecte (produits de la mer contaminés, impropres à la consommation), ou directe lorsque les microalgues toxiques ou nuisibles impactent directement les animaux marins. | ||
Les activités aquacoles peuvent ainsi être fragilisées par des efflorescences de microalgues ichtyotoxiques, via des défauts de recrutement ou des mortalités de bivalves et de poissons. Des échouages massifs d’animaux morts sur les plages peuvent être observés lors d’efflorescences ichtyotoxiques importantes, comme en 1995 en France suite à des efflorescences de Karenia mikimotoi. L’eutrophisation et les bouleversements climatiques contribuent à augmenter localement la fréquence, la sévérité et la durée de ces proliférations. Il est donc primordial de déterminer les raisons du succès écologique des microalgues toxiques et nuisibles pour mieux prévenir, gérer et réduire les risques sanitaires, commerciaux et environnementaux, notamment dans un contexte de changements globaux. |
Importance de la compréhension de la physiologie des microalgues et des rôles de leurs toxines pour les enjeux sociétaux (de la cellule à la société)
L’unité PHYTOX a pour objectifs principaux de mieux comprendre la physiologie des microalgues toxiques et nuisibles (principalement des cyanobactéries, diatomées, dinoflagellés et haptophytes) et de connaître la diversité, le rôle et le devenir des toxines produites.
PHYTOX est une unité de recherche du département Océanographie et dynamique des Écosystèmes (ODE), un des quatre départements de l'Ifremer. Elle compte à ce jour 30 salariés permanents, sur 3 laboratoires fonctionnels que sont PHYSALG pour la physiologie, GENALG pour la génomique, et METALG pour les métabolites des microalgues.
L'unité a été créée au 1er janvier 2022, suite au rapprochement des laboratoires Physiologie et Biotechnologie des Algues (PBA) et Phycotoxines (PHYC), tous 2 localisés au Centre Ifremer Atlantique sur le site de Nantes. Elle répond à la stratégie nationale de renforcer la visibilité des unités de recherche du Centre Atlantique. Avec 2 autres unités nouvellement créées à Nantes - MASAE pour la microbiologie appliquée à l'étude des contaminants biologiques microbiens et à l'identification de composés bactériens d'intérêt en santé humaine, et CCEM pour les contaminants chimiques - PHYTOX s'inscrit dans un ensemble lisible dédié aux contaminants chimiques et biologiques.
En y associant la nouvelle unité trembladaise ASIM, qui étudie le potentiel adaptatif des populations d'invertébrés marins et des micro-organismes associés ou émergents dans le contexte de changement global, et l'unité expérimentale EMMA (unité Expérimentale Mollusques Marins Atlantique), l'Ifremer dispose au travers du centre Atlantique d'un socle intégré "mer et santé" autour de la thématique "santé humaine et environnement".
La création en 2021 d'une Chaire Bleue "Contaminants, mer et santé" à Nantes, financée dans le cadre du programme d'investissement exceptionnel de l'institut, vise à conforter les interactions entre les différentes unités du centre, et structurer un cadre collaboratif associant les trajectoires de la communauté scientifique locale, nationale, et internationale.
L'unité est installée depuis mars 2023 dans le nouveau bâtiment scientifique du site Ifremer à Nantes, d'une surface de 3700m². La construction BATIMER (BATIment Microalgues Environnement Ressources) a été réalisée dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région 2015-2020 et a été co-financée par le Fond européen de développement régional (FEDER), la Région Pays de la Loire, et Nantes Métropole.